La série Formes dont la première occurrence eut lieu en 1999 fut en quelque sorte l’école des fondateurs de Rhizome. À travers cinq grands chantiers, Marc Doucet, Yannick Renaud et Simon Dumas ont respectivement commencé à acquérir les bases des métiers de concepteur sonore, d’éclairagiste et de metteur en scène. 

Parmi les acolytes de ces débuts, on comptait aussi le vidéaste Éric Proulx et la scénographe Élise Dubé. 

De 1999 à 2003, cinq éditions de Formes eurent lieu, le point culminant étant Formes 5 — La puissance des lieux, objet étrange et fascinant se situant entre science-fiction, théâtre et cinéma. 

À l'époque, Rhizome s'appelait Diffusion Encore Cadre.

Voici ce qu'en disait Simon Dumas, cofondateur avec Marc Doucet, en 2001, l'année de Formes 3 :

Formes est un lieu de convergence, un espace de création rassemblant depuis trois ans de plus en plus d’artistes. Des gens généreux donnant temps et talent pour que se réalise ce projet, pour que se déploie, à partir des textes de nos auteurs invités, cet univers conçu en éprouvette. Les éprouvettes ce sont bien entendu nos boîtes crâniennes dans lesquelles tournoie la question des liens et des frontières entre multimédia et littérature.
Partis d’un principe de libre association des images et des mots, de la volonté de créer un espace où se heurteraient la force évocatrice des vers et celle des arts multidisciplinaires, nous avons voulu en arriver cette année à un multimédia «pensé et apprivoisé» tirant ses racines des textes mêmes. 

1999 et 2000

1999, le premier spectacle... C'aurait dû être une soirée de poésie comme les autres, mais se sont invités un court-métrage entre documentaire et fiction sur Émile Nelligan, les musiciens de Nivo Zéro et quatre-cent diapositives expérimentales diffusées par quatre machines à diapo... L'année suivante, en 2000, le numérique prit le relais des diapositives. Des animations 3D, ouvrages des étudiants du nouveau programme multimédia du Cégep Lévis-Lauzon vinrent «jazzer» avec les mots des poètes, 

1999, le premier communiqué de presse... 

À qui de droit,

La présente a pour but de vous informer de la tenue d’un spectacle de poésie multimédia, organisé par les diffusions EncoreCadre, s’intitulant Formes  et qui aura lieu à la Salle Multi du Complexe Méduse le 25 février 1999 à 20h00.  À ce spectacle viendront performer les poètes Geneviève Amyot, Guy Cloutier, Simon Dumas, Dominic Gagné, Luc Lecompte, Swann Paradis et Michel Pleau. Un court métrage de Stéphane Goulet portant sur Émile Nelligan et s’intitulant La tempête d’Émile  sera également projeté.  Le groupe musical Niveau Zéro agrémentera la soirée d’une ambiance sonore et des photos seront projetées à divers endroits de la salle.

Les diffusions EncoreCadre sont un regroupement d’étudiants de l’université Laval qui souhaite la diffusion de la poésie actuelle et des arts actuels.

Nous espérons que vous placerez l’annonce de notre spectacle dans le calendrier culturel de votre journal.

Souhaitant le tout conforme,
Simon Dumas

Finalement, Geneviève Amyot n'avait pas pu venir. Suivant la recommandation de cette dernière, nous avons invité Jacques Ouellet à sa place.

Les poètes invités à Formes 2 furent David Bergeron, Vincent Lambert, Claude Paradis, Stéphane Piché et Gabriel Lalonde.

2001

À l'époque, la dénomination sociale de Rhizome était toujours Diffusions Encore Cadre, sorte de traduction libre de «still frame». En effet, bien qu'ayant des racines littéraires, notre cœur a toujours penché un peu du côté du cinéma. 

Nous ne résistons pas à la tentation de copier-coller tel quel le communiqué de presse de l'époque :  

Salle Multi  du Complexe Méduse
COMMUNIQUÉ POUR DIFFUSION IMMÉDIATE

LE 30 MARS 2001 à 20h00
Diffusions Encore Cadre et La Librairie Pantoute présentent 
à la salle Multi du complexe Méduse

FORMES 3
Spectacle multimédia de poésie 

Formes, un laboratoire à l’assaut des frontières entre multimédia et littérature.

Le spectacle multimédia de poésie Formes pose en effet la question des frontières entre différents genres littéraires et spectaculaires, soit la poésie, le théâtre, la performance et les arts multidisciplinaires. Si ces questions sont fascinantes pour les créateurs, elles le sont aussi pour les spectateurs. Ayant pour point de départ les textes poétiques de deux auteurs invités, Formes explore les relations possibles entre ces textes et ceux d’autres auteurs (Alain Bashung, Patrice Desbiens, Réjean Ducharme, Gaston Miron, Hélène Monette, Marie Uguay) ayant marqué leur vie et leur écriture. Deux univers poétiques sont alors créés et sont installés dans un seul lieu : l’espace scénique. De ces univers naîtront des sons (Fred Lebrasseur), des images (Mirenda Ouellet et Mélanie Boulianne), tout un environnement multimédia créé par et pour le déploiement de l’écriture, très belle, très riche, très différente l’une de l’autre, d’Hélène Pelletier et Patrick Roy. C'est par l'interpénétration des images et du verbe que Formes se rue aux limites du langage.

Avec la participation des comédiens Karina Desmarais et Christian Lapointe. 

Les billets sont disponibles en pré-vente au coût de 5 $ à la Librairie Pantoute.

CRÉDITS VIDÉO

Vidéo créée pour l'univers d'Hélène Pelletier : Scénariste et réalisatrice : Mirenda Ouellet — Assistante à la réalisation : Mélanie Boulianne — Direction photo et caméra : Samy Ammar — Interprétation : Marianne Quiriault et Jean-François Brideau — Montage : Marco Dubé — Sang: Méliza Dionne-Michaud — Collaboration : Vidéo Femmes, La Bande Vidéo et l’Université Laval

Vidéo créée pour l'univers de Patrick Roy

Scénariste et réalisatrice : Mirenda Ouellet — Direction photo : Mirenda Ouellet, Jean-François Dugas — Caméra : Jean-François Dugas — Interprétation : Christian Michaud et Valérie Laroche — Montage : Marco Dubé — Recherche : Mélanie Boulianne, Dominic Jean et Patrick Roy — Collaboration : Vidéo Femmes, La Bande Vidéo et l’Université Laval

Mise en onde

Réalisatrice : Mirenda Ouellet — Assistant à la réalisation : Jean-François Dugas — Technicien à la mise en onde caméra : Jean-François Dugas — Technicien à la mise en onde vidéo : Mirenda Ouellet — Caméra : Clémence Risler, Luigi Cosatto, Fred Lebrasseur

2002

Si les trois premières éditions de Formes furent surtout une exploration du médium de la scène, la démarche commence à se raffiner avec l'avénement de questions plus spécifiques : pour la quatrième édition, il s'agira d'explorer les liens de force et de tension entre littérature et théâtre. Il faut dire qu'après la participation de comédiens à Formes 3, la question s'imposait d'elle-même. Pour la creuser, la mise en scène fut confiée à Christian Lapointe. Voici le mot du metteur en scène (récupéré du programme):

En cette époque où notre société de consommation bat à un rythme d’enfer, où nos relations deviennent de plus en plus proche d’un rapport entre producteur et consommateur et où la poésie, des mots, des gestes, du quotidien, est en torpeur, comment aborder l’événement littéraire ?

J’ai vu dans les nouvelles de Danielle Roger et Julien Fortin, textes sélectionnés par le comité de lecture de Diffusions Encore Cadre, des exemples crus de rapports de consommation qu’il peut y avoir entre nous. Les poèmes de Corinne Larochelle feront office, pour la représentation, de pont, de lieu de rencontre éthéré, entre ces nouvelles .

À la recherche de la rencontre humaine, cette femme et cet homme emprunteront une voie dictée par la solitude. Oui, chaque composante de la collectivité humaine est prisonnière d’elle-même, de ses propres limites, forces et faiblesses. La recherche de l’autre, pour adoucir la solitude, s’opère de façon maladroite dans les protraits que nous propose Julien et Danielle. La rencontre de ces deux figures est vouée à la tragédie.

La charnière entre les mondes de ces deux protagonistes, la poésie du dialogue intérieur de Corinne, propose une idée de ce qu’implique de vraiment se commettre profondément avec l’autre. Ce discours poétique agit à titre de fantasme impalpable pour Rousseau et cette femme sans toit qui s’évade dans la lumière des phares des voitures, la nuit.

— Christian Lapointe

Le spectacle fut présenté les 22 et 23 avril 2002 à la salle Multi de Méduse. 

Directeur Artistique : Simon Dumas
Directeur technique : Marc Doucet
Directeur des communications : Yannick Renaud
Scénographie et éclairages : Élise Dubé
Images : Mélanie Boulianne et Élise Dubé
Mise en scène : Christian Lapointe
Conseillés littéraire : Dominique Gagné et Michèle Audet
Comédiens : Valérie Laroche et Jean-Manuel vital
Conception Sonore : Alexandre Corbeil
Auteurs : Danielle Roger, Corinne Larochelle et Julien Fortin
Mise en onde : Mathieu Leblanc
Caméraman : Jean-François Dugas
Graphiste : Marilou Mercier

2003

Affiche
La Puissance du lieu : C’est le titre que porta le cinquième opus de la série. Le concept général de ce spectacle consistait à faire se rencontrer la littérature — récitée par les auteurs — et le cinéma. Luc Lecompte et André Roy furent les deux auteurs qui participèrent à ce spectacle, respectivement avec les textes Rouge Malsain (roman, éd. Herbes rouges) et Nous sommes tous encore vivants (poésie, éd. Herbes rouges). 
Ces textes ont été refondus en un scénario, dans lequel les auteurs donnent la réplique sur scène à des acteurs incarnant des personnages tirés de leurs œuvres. En partie jouée, en partie filmée, l’action du scénario passe de la scène à l’écran et de l’écran à la scène, permettant par exemple à un personnage sur scène de donner la réplique à un autre sur l’écran. Le spectacle n’est en aucune façon une adaptation théâtrale ou cinématographique des textes des auteurs invités. Nous nous sommes attardés plutôt à rendre une partie de l’atmosphère se dégageant de ces œuvres. 

Les textes et les auteurs

Rouge Malsain, Luc Lecompte

Malsain, un ghetto malfamé où vivent les exclus de la cité. Un poète marginal y engage un enquêteur pour éclaircir la disparition de son amante surnommée Isis. À l’occasion de cette affaire, l’enquêteur se voit bientôt entraîné dans un univers parallèle aussi fascinant que terrifiant. Confronté à des réalités inattendues, il ne cessera de chercher la part de vérité et de mensonge dans l’étrange histoire d’amour que lui livre le jeune homme.
Dans une écriture ramassée, au rythme nerveux, Rouge Malsain raconte un mythe moderne où s’entremèlent rêve et veille, phantasme et réalité. Plongée insolite et courageuse dans le continent noir de l’inconscient, Rouge Malsain met en scène un univers onirique que l’on n’est pas près d’oublier.

D’abord poète, Luc Lecompte signe avec Rouge Malsain son second roman. Il a publié à ce jour six recueils de poésie. En plus de son travail d’écriture, il enseigne la littérature au Cégep de Lévis-Lauzon.

Nous sommes tous encore vivants, André Roy

L’image s’ouvre sur le temps et organise nos vies en les mettant en rotation dans l’univers. Quelqu’un, en homme ordinaire de la poésie, écrit par énigmes et métaphores ce miroir déformant du temps et l’ombre répétitive de la mort.
Le cinéma est un art du passage sans lequel, ici, nous n’aurions rien su du monde, nous qui sommes fascinés jusqu’à la torture, jusqu’à nous tuer, par les possibilités de l’amour qu’il invente, la multitude des corps désirants qu’il montre et le mouvement des intelligences et des sensibilités qu’il suit. C’est l’abîme d’où remontent toutes nos vies. Il y a donc lieu d’avoir peur dans nos rêves de la beauté de cette fatalité.
Nuit sur la Terre comme au Ciel, le cinéma est l’histoire des fantômes que nous avons toujours été, le cœur battant entre les atomes et les étoiles.
A.R.

Poète et critique de cinéma, André Roy a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages de poésie. Il a obtenu le prix du Gouverneur général du Canada (Action Writing, 1985), le Grand Prix de la Fondation Les Forges (L’Accélérateur d’intensité, 1987), et le prix des Terrasses Saint-Sulpice de la revue Estuaire (Vies, 1998). 

Crédits

Mise en scène : Marc Doucet et Élise Dubé
Scénarisation : Dominic Gagné
Conception vidéographique : Éric Proulx
Conception sonore et musicale : Marc Doucet
Conception visuelle : Élise Dubé
Jeu (scène) : Guillaume Giroux Gagné
Jeu (vidéos) : Élise Dubé, Valérie Laroche et Patric Saucier
Jeu (préenregistrements) : Catherine Bouchard et Jean-Sébastien Grondin.
Mise en onde : Mathieu Leblanc
Maquillages : Jean-Sébastien Ouellet, Vanessa Cadrin et Élise Dubé
Costumes et accessoires sous la direction d'Élise Dubé
Réalisation du Décor: Simon Dumas, Yannick Renaud et Hugues Bernatchez
Graphisme (matériel pub) : Marilou Mercier
Direction générale : Simon Dumas
Direction des communications : Yannick Renaud
Relation de presse : Stéfanie Weller

Remerciements

Le Conservatoire d'art dramatique de Québec, Marie-Christine Tanguay-Beaulieu, Nicole Fortin, Pierre Cloutier, Jonathan Roussy, Bernard White.



Deux Voix, série Formes, de Simon Dumas, présenté à Québec (Studio d’essai de Méduse).

La Puissance des lieux, série Formes, avec Luc Lecompte et André Roy, présenté à Québec (Premier Acte et salle Multi de Méduse) et Montréal (FIL de l’UNEQ 2004), 2003.

Formes IV, avec Julien Fortin, Corinne Larochelle et Danielle Roger, présenté à Québec (salle Multi de Méduse), 2002.

Formes III
, avec Hélène Pelletier et Patrick Roy, présenté à Québec (salle Multi de Méduse), 2001.

Formes II
, avec David Bergeron, David Cantin, Gabriel Lalonde, Vincent Lambert, Claude Paradis, Stéphane Piché et Lyne Richard, présenté à Québec (salle Multi de Méduse), 2000.

Formes
, avec Guy Cloutier, Simon Dumas, Dominic Gagné, Luc, Lecompte, Jacques Ouellet, Swann Paradis et Michel Pleau, présenté à Québec (salle Multi de Méduse), 1999.