Telle que décrite par l'auteur :
Poème d’amour (Instructions de lubrification pour Buttercup) est un poème d’amour constitué d’ordres dont le propos est agressif. Carburant aux références à la culture populaire québécoise, Poème d’amour se déploie comme le panorama d’une pensée hétérogène et dysfonctionnelle, dont les sentences impératives (parfois courtes d’un seul mot, parfois longues d’une vingtaine) racontent un récit irréel, fantasmé par un personnage narrateur. Monologue en quête d’auditeur, il allie l’humour au grotesque en cherchant des réponses qu’il donne lui-même.
C’est d’ailleurs ces réponses qui sont à la genèse du poème : d’abord déçu par l’échantillon musical proposé par Simon Elmaleh, j’ai écrit un texte ouvertement vulgaire et agressif afin de forcer le compositeur à me répondre. Pari réussi, la pièce d’Elmaleh est une bombe électroacoustique grinçante aux accents pop. J’ai l’impression, en l’écoutant, que le narrateur névrosé du poème anime une émission sur les ondes d’une radio commerciale. Ça ne pouvait être mieux!
Aime Sonic Youth.
Chante Ça plane pour moi.
Perds-en des bouts.
Ne te fais pas comprendre par l’auditoire.
Baragouine.
Cherche la gouine embarrassée.
Déguise-toi en Popeye.
Déguise Popeye en Cyrano de Bergerac
et récite ces vers :
Mon pénis est un pug
qui chante les tounes
de Mary Poppins.
Telle que décrite par l'auteur :
Le texte que j’ai présenté lors de l’événement Nouvelles vagues constitue la pierre angulaire d’un travail en cours sur les rapports entre poésie et circonstances esthétiques, textualité intime et dialogues inattendus. Ce projet m’a permis d’explorer comment les mots qui entrent dans le témoignage d’une sensation auditive, communiquent avec des sensations plus anciennes, apparemment sans objets immédiats, mais issues du rêve et du souvenir. Il en résulte une textualité ouverte, des scènes et des images qui suivent, à travers l’évocation d’une mythologie personnelle, une logique précise dans la formulation du poème. Dans le cadre de cet événement, j’ai voulu donner au public une lecture qui faisait état du texte de la façon la plus directe possible, alors que le témoignage relaie sans détour la parole poétique au rythme de sa propre évocation.
La pièce de Mathieu Campagna et mon propre travail se rejoignent de façon tout à fait inattendue et spontanée, créant des modulations étonnantes que le public a accueillies magnifiquement lors de l’événement. D’un point de vue plus personnel, les conditions dans lesquelles nous avons pu présenter au Studio P les effets de cette collaboration, m’ont permis de mesurer le dialogue potentiel entre matériaux scripturaires et matériaux sonores, alors que nos créations respectives demeuraient le véritable véhicule de cet échange.
au début
c’est toujours
trop de lumière
au début
c’est seulement
une image
quelque chose comme
la
vision de la ville blanche
Le projet Nouvelles Vagues est un bel exemple de processus créateur dynamique arrivant à combiner différents arts, soit littérature et musique. L’artiste audio m’a fait parvenir une première pièce musicale, courte composition à partir de laquelle je me suis inspirée, de l’ambiance en générale, des effets sonores, des rythmes enchaînés, pour créer un texte. Une fois la première version de mon texte écrit, je l’ai transmis à l’artiste, puis nous sommes demeurées en communication tout au long du processus créateur. La pièce finale qui en a résulté était surprenante, éclatée et fidèle au processus de création qui avait été mis en branle plus tôt. Pour ma part, ce fut une belle expérience créatrice.
Mon texte, intitulé Liste, s’est inspiré de la première version d’une pièce musicale transmise par l’artiste audio. Après une seule écoute de la pièce, il devenait évident que le texte allait relever d’une logique paradigmatique (idée de liste, d’éléments juxtaposés) plutôt que d’une logique syntagmatique (où les éléments sonores/textuels s’appellent les uns les autres dans une logique continue). Situé plus du côté de l’éclatement que de celui de la continuité, malgré une «démonstration» globale appuyée par un propos essayistique et humoristique (essai sur la littérature contemporaine, texte autoréflexif sur les idées de liste, de bruit, d’affirmation, d’incongru, d’identité nationale éclatée et ouverte sur tous les siècles et territoires), le texte Liste a su épouser un rythme révélé par la première pièce audio.
Le bruit c’est parler.
L’infini c’est ne pas savoir.
Ne pas savoir c’est parler.
Le bruit est infini.
Parler c’est une liste
Construit dans le cadre du projet Nouvelles vagues, mon texte Impérative et autres nuits consiste en un métissage d’injonctions à l’impératif présent et de poèmes troubles et cinglants. Il s’agit d’un texte qui prend le parti pris du risque et de l’énigme : il déconstruit la perception, la langue et le référent biographique en proposant une aventure escarpée de l’esprit et du corps constellée d’ellipses, d’arcanes. Ce long poème apparaît comme un objet de sens semblable à un prisme, une réalité à angles multiples où, à travers la charge matérielle du lexique et la radicalité de son exigence, le poème demeure résolument une équation insoluble. Résultat d’une rigoureuse préparation performative, la présentation d’Impérative et autres nuits a été concluante lors de ma présentation devant un public attentif et enthousiaste. Un véritable défi que j’aimerais relever à nouveau dans le contexte d’une série de représentations et qui constituerait une continuité appréciable dans ma carrière littéraire.
Suite à un enregistrement studio de mon texte, l’artiste audio Meriol Lehmann a composé Autres nuits, une oeuvre intrigante s’accordant avec virtuosité aux différents reliefs de sens et fluctuations tonales qu’offraient le texte. Avec ma voix comme seule matière première, il a su créer un paysage sonore de vertiges et de contemplations, un environnement intérieur aussi sensuel qu’inquiétant.
glisse supplie chute
ton cerveau ne verra que le chant
sérieux de la lymphe qui s’aplanit
d’heure en heure
plie replie déplie ouvre perds donne
Série Nouvelles vagues, avec les auteurs Annie Lafleur et Marc-Antoine K. Phaneuf, présentée au festival Chahuts de Bordeaux, le 15 juin 2012.
Nouvelles Vagues & Rencontre Peloquin/Millimetrik, avec les auteurs Claude Péloquin et Alexis Lussier, et les artistes de l’art audio Millimetrik et Mathieu Campagna, le 15 mars 2012 à la salle Multi du complexe Méduse à Québec.
Série Nouvelles vagues, avec les auteurs Annie Lafleur et Marc-Antoine K. Phaneuf, présentée à la Maison de la Poésie de Namur, le 15 mai 2011.
Série Nouvelles vagues, avec les auteurs Marc-Antoine K. Phaneuf et Josée Marcotte, et les créateurs audio Myriam Rouillard et Simon Elmaleh, présentée au Studio P, le 13 janvier 2011.
Série Nouvelles vagues, avec les auteurs Annie Lafleur et Alexis Lussier, et les créateurs audio Mériol Lehmann et Mathieu Campagna, présentée au Studio P, le 12 janvier 2011.
Nouvelles vagues est un projet de jumelage entre quatre auteurs et quatres artistes audio, dans le but d'enclencher une chaîne de création allant d'une pièce sonore à un texte, puis de nouveau à une pièce sonore.
Les artiste audio, ouvrant le bal, proposaient donc une première pièce aux auteurs ; s'en inspirant, ceux-ci devait à leur tour écrire un texte lui faisant écho. Ce texte était par la suite enregistré par son auteur, enregistrement servant de base à la création d'une nouvelle pièce audio. Les textes furent ensuite publiés aux Éditions Rhizome.
Vous avez donc ici accès aux premières et aux deuxièmes enregistrements des quatre pièces audio.
- La liste 1 et La liste 2 : duo de Mirianne Rouillard et Josée Marcotte
- Impérative et autres nuits : duo de Mériol Lehmann et Annie Lafleur
- Poème d'amour (Instructions de lubrification pour Buttercup) : Duo de Simon Elmaleh et Marc-Antoine K. Phaneuf
- Elle/La ville blanche : Duo de Mathieu Campagna et Alexis Lussier
Artistes sonores :
Mirianne Rouillard, Mathieu Campagna, Simon Elmaleh et Mériol Lehmann.
Auteurs :
Annie Lafleur, Alexis Lussier, Josée Marcotte et Marc-Antoine K. Phaneuf.
Un projet du commissaire audio indépendant Érick d'Orion (Tartare), produit en collaboration avec Rhizome.
Ce projet et la publication qui l'accompagne ont bénéficié de l'aide financière du Conseil des arts et des lettres du Québec et de l'Entente de développement culturel survenue entre le MCCQ et la Ville de Québec.