rencontres sur le territoire fragmenté de l'Amérique francophone entre poésie et cinéma

Nous avons demandé à des poètes d’écrire dans les interstices d’une scène de film. Nous leur avons proposé de souffler leurs mots dans ces silences creusés au cœur des images, d’en proposer de nouvelles, faites de mots. Puis, nous leur avons demandé de tisser leurs voix à même la trame du film.


Ils sont trois poètes, Herménégilde Chiasson, Sonia Cotten et Éric Charlebois. Ils ont répondu à l’invitation et ont marché sur ce fil tendu entre le temps du film et celui du poème. Ils ne sont pas tombés.


C’est cela le projet Amérique, rassembler des auteurs (vivants) de la francophonie américaine et les associer à des cinéastes – du présent et du passé — qui ont documenté et, d’une certaine façon, contribué à façonner ce territoire fragmenté qu’est l’Amérique francophone.


En collaboration avec le commissaire et vidéaste John Blouin, chaque poète invité est jumelé à un cinéaste dont les extraits filmiques servent de fil conducteur à l’écriture. À tour de rôle, face à l’écran, ils colonisent de leurs confidences l’extrait de film qui leur est jumelé. Instants d’un autre temps, territoires réels ou imaginaires rapaillés à partir des pièces éparses de la mémoire collective d’une francophonie néanmoins affirmée et bien vivante.



Il en résulte un tissage entre deux langages, un dialogue constant entre la poésie des mots et celle des images. Les deux se font écho, s’accompagnent, s’enrichissent et transportent le spectateur aux limites de chacun. S’ouvrent alors de nouvelles voies où le corps tout entier se laisse absorber dans un voyage tendu et ténu entre passé et présent.

Sous la direction musicale de Steve Hamel

DUO 1

Herménégilde Chiasson (NB), poète et artiste en arts visuels

Né en 1946 dans la Péninsule acadienne du Nouveau-Brunswick, Herménégilde Chiasson est considéré comme l’un des principaux artisans de la modernité acadienne. Il a travaillé comme recherchiste, journaliste et réalisateur à la radio et à la télévision de Radio-Canada, réalisateur au cinéma et professeur à l’Université de Moncton. Il a publié plus de 25 livres, écrit une trentaine de textes pour le théâtre, réalisé plus de 15 films et participé à près de 150 expositions. Il a été président et fondateur de plusieurs organismes culturels d’importance au Nouveau-Brunswick et il a reçu plusieurs prix et distinctions pour son travail. En 2003, il est devenu le 29e lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick et le troisième Acadien à occuper ce poste. Créateur multidisciplinaire et prolifique, Herménégilde Chiasson est l’une des personnalités culturelles les plus accomplies du Canada, ambassadeur clé de la communauté artistique acadienne contemporaine depuis le début de sa carrière.


La noce est pas finie de Léonard Forest, 1971, 85 min. 38 sec.

À la fois film à scénario, reportage et enquête sociologique, ce long-métrage est avant tout une aventure collective. Fait en collaboration avec un groupe de citoyens du comté de Gloucester, au Nouveau-Brunswick, le film s’adresse non seulement à la population concernée mais également à qui veut bien reconnaître l’importance sans cesse croissante du fait social. 



DUO 2 

Sonia Cotten (Qc), poète et artiste de la langue

Née en 1974 à Rouyn-Noranda, elle publie son premier recueil de poésie en 2002 (Changer le Bronx en or) qu’elle inscrit dans une trilogie publiée aux éditions Poètes de brousse (avec Nique à feu et Ovalta), un recueil qui annonce une nouvelle étape dans la carrière de l’auteur. Récipiendaire de la bourse Relève Télébec en 2007, elle fait une incursion réussie en poésie jeunesse en 2009 (avec Mon chef c’est mon cœur) et travaille actuellement à la réalisation de numéros de poésie performative basés sur du tout nouveau matériel. Considérée désormais comme une des voix les plus percutantes de la relève poétique québécoise, ses textes sont parfois murmurés, parfois slammés, inspirés tantôt par Desjardins, tantôt par l’urbanité de Bashung ou le tumulte d’une Josée Hivon. En mars 2015, Sonia Cotten se méritait le 1er prix au tout nouveau concours international de poésie Geneviève-Amyot.


Cornouailles de Pierre Perrault, 1994, 52 min. 38 sec.

Documentaire du maître du cinéma direct, où l’image, les mots et la musique se conjuguent en un extraordinaire récit poétique. Le cinéaste a planté sa caméra durant 120 jours à quelques kilomètres du pôle Nord, dans la vallée laineuse de la terre d’Ellesmere. Patiemment, il a attendu l’affrontement inévitable entre deux rivaux en quête d’un même territoire : deux bœufs musqués qui entreront finalement en lutte à la tombée du jour. Ils rugissent, chargent, emmêlent leurs cornes, se repoussent et chargent de nouveau. Jusqu’à ce que le vainqueur prenne calmement possession de son troupeau.


DUO 3 

Éric Charlebois (On), poète, professeur et chroniqueur

Né le 29 février 1976, Éric Charlebois fut tour à tour commerçant, vendeur, animateur, réviseur et traducteur. Il est aussi l’auteur de huit recueils de poésie, dont Compost-partum, son plus récent ouvrage, publié en octobre 2014 aux éditions David. Il est toujours entre quatre manuscrits, autant dans le récit poétique que dans la poésie narrative. Outre sa participation à de nombreuses activités littéraires et artistiques un peu partout au Canada et en Europe, il monte et anime divers ateliers d’écriture poétique et narrative, de création spontanée et d’analyse littéraire. Grand voyageur, il s’inspire de l’insolite et s’adonne à ce qu’il appelle la «motographie», un procédé de superposition de poésie et de photographie. Il a contribué au collectif De l’enfermement à l’envol, lequel a été conçu à la suite d’ateliers qu’il a donnés, à l’instar de quelques collègues, en milieu carcéral.


Le Dernier des Franco-Ontariens de Jean Marc Larivière, 1996, 57 min. 57 sec.

Le réalisateur franco-ontarien Jean Marc Larivière s’inspire du recueil de poésie Le Dernier des Franco-Ontariens de Pierre Albert pour construire son film éponyme qui amalgame des séquences fictives, des passages réalistes, des scènes adaptées du texte d’Albert et d’autres émanant de son imagination et de celle de sa scénariste Marie Cadieux. L’étude des rapports transfictionnels qui s’installent entre le livre et le film permet de soulever les problèmes de réception qu’une telle structure éclectique suscite et de tracer le parcours de spectature inhabituel, c’est-à-dire l’interaction entre le film et le spectateur, qu’elle fonde.



Direction musicale : Steve Hamel

Accompagnateur — percussionniste rythmique

Passionné par le mouvement et l’improvisation, Steve Hamel fait ses débuts comme accompagnateur-percussionniste puis se joint à différentes compagnies dont le Dance theatre David Earle et Code Universel. Il aime explorer les percussions provenant des traditions d’ailleurs en les alliant aux sonorités d’aujourd’hui afin de créer des univers riches qui s’inspirent de l’énergie des chorégraphes et des metteurs en scène avec lesquels il collabore. En 2010-2011, il est de la tournée internationale de Varekai du Cirque du Soleil. Sa rigueur et sa créativité font de lui un artiste recherché tant pour des spectacles et des productions d’envergure que pour de nombreux projets d’enregistrement. Steve est en quelque sorte l’ingrédient magique pour que monte la mayonnaise.


de la soirée Écritures transcanadiennes

Herménégilde Chiasson


Herménégilde Chiasson, extrait 3'30''



Sonia Cotten, extrait 4'28''


Éric Charlebois, extrait 3'22''
 



2017

2 juin — Festival de poésie de Montréal, Maison de la culture du Plateau

21 avril — Salon du livre du Grand Sudbury, Little Montreal

2016

6 août — Festival de poésie de Caraquet

2015

15 mai — événement Écritures, Le Cercle, Québec