Multiplier les langages - 10e épisode de La haine de la poésie


Notre dixième épisode

Pour le dixième épisode de La haine de la poésie, on reçoit les artistes multidisciplinaires Erika Hagen-Veilleux et Lauren Hartley. Elles nous parlent de leur parcours multidisciplinaire et de la pluralité des langages qui composent leurs créations. Cette pluralité des langages artistiques permet d’intégrer les codes de plusieurs médiums ensemble, afin de créer des œuvres uniques et représentatives de leur identité. Elles sont convaincues que leur ouverture à différentes disciplines et les rencontres que cela crée leur offrent des opportunités qu’elles n’auraient pas eu si elles s’étaient limitées à un seul créneau artistique. Erika et Lauren lisent toutes deux des extraits de leur poésie.


C'est quand même rare pour moi de pouvoir discuter avec d'autres artistes qui explorent la poésie par, mais aussi au-delà, de l'écriture. Quand ça arrive, c'est toujours trippant. Lauren a nommé la tentative comme étant un des gestes les plus honnêtes et justes dans toute approche de création, et c'est une phrase que j'ai empochée pour la garder avec moi toujours. Un rappel à paqueter dans ma boîte à lunch. J'ai l'impression qu'on a mis la table, mais qu'on n'a pas dégusté tout ce qu'on aurait eu à dire et à réfléchir de plus ensemble. On aurait pu en parler encore pendant des heures, we were just getting started! C'est rafraîchissant se rappeler qu'il y a tellement de possibles à une démarche poétique multidisciplinaire, que les corps, les sons, les mots et l'espace entre eux sont des lieux générateurs de poésies infinies, et que la nature de ces échanges continuera à nous surprendre, et à nous être révélée dans des formes insoupçonnées, demain, et après.
— Érika Hagen-Veilleux

En tant qu'artiste, je n'ai pas toujours l'obligation de nommer mes démarches. De les décortiquer, de les dénouer pour les expliquer à d'autres. Je peux traverser de longs moments de création sans dire la quête, simplement en la portant dans le corps. Pourtant, avoir à l'expliquer finit toujours par être bénéfique, même pour moi. C'est comme dans une demande de subventions : ça peut gosser au début, d'avoir à concrétiser l'intangible, pourtant ça finit toujours par enligner, préciser l'objectif. Organiser ce qui déborde. Je me suis sentie comme ça, vendredi : comme si chercher à mettre en mots, avec vous, me réalignait. J'aurais voulu que ça dure, que ça dure : j'aurais fait rebondir la conversation avec vous pendant des heures! Érika a nommé des choses formidables, entre autres quand elle s'est aventurée dans les rythmes et les réflexes d'un médium qui peuvent être appliqués à un autre. On sent l'approche corporelle qui teinte tout son imaginaire. Je trippe. Moi qui ai toujours été plus cérébrale pour entrer en matière, j'essaie tranquillement de me diriger vers cette organicité. Cet instinct. La conversation a allumé les fibres de ce désir-là. (On peut-tu en rejaser, please?)
— Lauren Hartley














Nos invitées

Érika Hagen-Veilleux

Érika Hagen-Veilleux, artiste multidisciplinaire 

Érika est une artiste multidisciplinaire native de Québec. Amoureuse des lieux multiples qui abritent la poésie, elle cherche par le corps, la voix, la musique et la parole les espaces où faire émerger des échanges durables au sein des différents milieux artistiques de Québec. Elle navigue dans le milieu du cirque (Théâtre À Tempo), les milieux de la poésie (Slamcap), de la musique (Bleu kérosène), de la danse et du théâtre. En 2016, elle co-fonde le BAM [Bouillon d’art multi] ainsi que le collectif multidisciplinaire Les Bambines, qui allie théâtre, cirque, poésie et musique. Leur première création, Untouched Land alias toi pis ta solitude en sachet déshydraté, est présentée à Premier Acte en 2019. C’est aussi en 2019 qu’elle a l’immense chance d’être mentorée par la poète Marie-Andrée Gill, avec le soutien de Première Ovation Arts littéraires.


Lauren Hartley

Lauren Hartley, autrice et comédienne

Lauren Hartley est diplômée en jeu du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2016. Depuis, elle s'implique activement dans le milieu en tant qu'autrice et comédienne, tant sur scène qu'à l'écran. Elle présente, entre autres, sa pièce Embargo à Premier Acte, ainsi que son laboratoire L'Enclos dans plusieurs festivals — deux œuvres qui lui valent des distinctions de la part des Prix Théâtre et du CEAD. En 2020, elle complète la formation Écriture de long-métrage de l'Institut national de l'image et du son (INIS). Parallèlement, elle signe la traduction anglophone de Mes enfants n'ont pas peur du noir, de Jean-Denis Beaudoin.

© photo : Julie Artacho